Une lecture qui vous secoue de joie…
Pourquoi je prends en main au départ le dernier livre de FOG aka Franz Olivier Giesbert ? Je le saisis précisément pour la petite phrase très pertinemment sélectionnée par ses éditeurs, les merveilleux artisans de la collection NRF de Gallimard :
« Dieu est un sujet trop important pour être confié aux religions »
Spontanément je me suis dit : oui, je suis bien d’accord… J’avais donc envie de partager une autre de mes découvertes.
En quelques mots…
Une fois dégusté, ce livre me laisse surtout un goût d’explosion de joie, d’appel à la vie, à l’enthousiasme, à l’émerveillement.
Ce n’est pas un livre sur Dieu, c’est un livre sur la merveille insaisissable qu’est la vie.
D’abord, c’est une invitation à ressusciter l’enfant en nous.
Très tôt dans le livre je suis saisie par cette phrase, qui vous met une claque autant qu’elle vous caresse, tant elle est douce de vérité :
« Tout devient possible quand vous avez ressuscité le petit enfant qui était en vous et que vous avez tué un jour pour faire l’intelligent »
Qui ne s’est jamais dit, en tant qu’adulte, que l’enfant que nous étions se serait bien foutu de sa tronche ? Appel donc à l’esprit d’enfance, aussi, et de légèreté, dans un monde qui, bien trop souvent, se prend bien trop au sérieux.
L’enfant que vous étiez serait-il fier de l’adulte que vous êtes devenu ?
Une définition de la foi plus large, et plus humaine :
Nous savons ce que c’est, le quotidien : le réveil qui sonne, salle de bain, café, les enfants, les transports, le travail, la tension, la course, le téléphone, le trajet, la crèche, l’école ou la nounou, les devoirs, le dîner, les dents-pipi-et-au-lit.
Le quotidien nous enchaîne et c’est parfois une bonne chose, car c’est également par lui que nous créons la vie que nous voulons, et qui nous ressemble. Mais il y a aussi les inquiétudes, les questions, la recherche ou la perte de sens ; et puis les tracas de l’existence qui semblent nous enchaîner, comme dirait Souchon, au ras des pâquerettes.
Et d’un coup, il y a cette phrase :
« La foi rend optimiste, non parce qu’elle décréterait la vie éternelle ou l’immortalité de l’âme, sujets à caution, mais parce qu’elle vous emmène au-dessus de vous-même qui, alors, n’êtes plus le centre du monde. »
Je me dis, tiens, c’est vrai… faire un pas de côté, c’est toujours une bonne idée, mais ce n’est jamais aussi simple qu’on le souhaiterait.
Un petit tour en ascenseur peut-être ?
Un courtois coup de pied au cul de notre société et notre mode de vie
« Sous prétexte que Dieu ne lui donnait pas signe de vie, une partie grandissante de notre espèce a décrété qu’il était mort. Elle a des excuses : dans les villes solitaires, c’est à peine si elle voit l’azur entre les toits des immeubles. Les métropoles et les mégalopoles l’ont coupée de ses origines pour façonner les humains à leur guise, avec lumières artificielles, musiques d’ambiance. »
Alors c’est un appel, un appel fort et engagé, à repenser notre monde et notre quotidien, pour plus de sens et plus de présence à nous-même. Sans s’engager sur des chemins qui mènent à la révolution, il propose bien au contraire des petits chemins en sortie d’autoroute, de petites épices pour relever (et élever) le quotidien. Plus d’humilité, plus de lien avec la nature. La nature, chez Franz Olivier Giesbert est centrale.
On peut également rappeler que de toute façon, à ses yeux, Dieu et la Nature c’est la même chose. Il invite donc à un plus grande connexion à notre nature animale, originelle, sauvage.
Et justement, il en parle, de la nature et des animaux :
« J’avais compris que la grande erreur de l’homme, en tout cas de l’homme occidental, était de se considérer comme au-dessus des autres espèces prétendument créées pour son seul usage personnel. Comme l’a dit le grand chef sioux Sitting Bull, ‘la terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre’ »
On se laisse réfléchir là-dessus ? En somme, peut-être est-ce aussi un appel à l’ouverture, et à l’humilité. Dieu est dans tout, pour lui, Spinoza et tellement d’autres.
L’homme n’est pas au centre de l’univers (merci Copernic), remettons-nous un peu à notre place.
Une cuisine goûteuse et préparée avec amour
Passant par Saint François d’Assises, Copernic, Bruno Giordanno, Kepler, Ralph Waldo Emerson, Spinoza, Thoreau et d’autres, FOG dissémine dans sa foi des ingrédients qui la rendent plus savoureuse, tout à la fois plus riche et plus digeste – l’un des miracles de la fine gastronomie.
Une cuisine équilibrée et gourmande, d’une grande érudition, elle-même sous on meilleur jour : sans pédantisme et avec beaucoup d’impertinence, FOG repense Dieu et la foi, avec, encore merci, une infinie légèreté.
En conclusion, joyeuse et sautillante que je suis, j’avais envie de partager cet extrait, parmi ceux qui m’ont le plus émue :
« J’aime les matins. Dès que j’ouvre un œil, je me lève d’un bond et j’accours dans la cuisine pour me jeter sur des tranches de pain de petit épeautre que je tartine de confiture d’abricots de ma fabrication en souriant tout seul. Le petit déjeuner est mon repas préféré. Je respire à fond, comme si j’avais manqué d’air depuis ma naissance. Si le temps le permet, j’ouvre les fenêtres, les portes qui donnent sur le jardin et je vais saluer mes amis les fleurs, les citronniers, les oliviers. Tous mes sens sont en éveil. Souvent, quand je me couche, assommé de fatigue, je salive en pensant au lendemain. Il ne me déçoit jamais, même si les nouvelles ne sont pas bonnes, qu’un nouveau cancer me ronge la couenne, qu’un proche est à l’article de la mort. Honte à moi, j’ai toujours le matin joyeux. »
Une dernière anecdote qui n’a presque rien à voir…
Il y a quelques semaines j’ai partagé avec quelqu’un un conte très simple, mais je crois pourtant juste, que j’ai écrit. Il s’appelle « La Vraie Vie » et vous pouvez le lire ici ! Un appel à la joie et à la simplicité, pour l’enfant qui réside en chacun de nous, un appel à embrasser l’existence telle qu’elle est, avec enthousiasme, et en lui apportant d’abord notre bonne humeur, afin qu’elle nous sourie. Simple, mais pas simpliste non plus. Ce curieux personnage m’a répondu : « Oui bof, ‘la vraie vie’ surtout pour les psys et autres conseils… » Comme Franz-Olivier Giesbert, j’étais triste de le voir si gris et si peu enthousiaste face aux jolies choses simples de l’existence.
Dieu merci, je ne m’en suis pas offusquée, et je continue de sautiller, moi aussi, dès le matin.
Vous avez envie de lire le livre ? Je ne peux que vous le conseiller. Je ne ferai pas de lien vers Amazon ici, levez-vous, mettez-vous en mouvement et allez faire vivre votre libraire de quartier 😉 Sauf bien-sûr si vous êtes déjà en mouvement et que vous ne lisez que sur une liseuse… !