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Parlons-en du « Goût du risque » : Je me souviens très bien du jour où j’ai pris ce livre entre mes mains. Pour citer mes sources, c’était à la librairie du Quai des Brumes à Strasbourg , en compagnie de mon amie Laura (avec qui nous organisons d’ailleurs de merveilleuses retraites de yoga). L’une comme l’autre avons été interpellées par ce titre qui nous exhorte à vivre avec un peu plus d’audace.

Le goût du risque c’est à dire ? Ce titre est simple et à la fois exigeant. Exigeant sur le fond, et sur la forme. Et lapidaire.

Sur la forme, cela prête pourtant rapidement à interprétation : le livre ne pèse pas lourd dans ma main, 131 pages numérotées. Le « goût du risque » se résume donc à si peu ?

Trois auteurs de haut vol cependant :

Une femme, spécialiste de la linguistique : Andrea Marcolongho.

Un homme, écrivain certes mais aventurier me semble-t-il. Marin, surtout. Et aviateur dit-t-on sur la quatrième de couverture. Comme St Ex. Patrice Franceschi.

Un autre homme également, militaire de haut vol, écrivain. Amiral, lis-je ? Qu’est-ce à dire… ? Loïc Finaz.

Commençons la lecture

Ce mouvement subversif par lequel, comme le disent les trois auteur.trice.s, on « célèbre la liberté », serait-il réservé à ces contributeurs inspiré.e.s et bienheureu.ses.x ? Qu’est-ce que le goût du risque en 2024 ? Je prends ce livre un peu comme un manuel, et je ne suis pas déçue.

La première phrase est évidente :

En effet… « le risque fait intégralement partie de la vie »

Et pourtant, nos parents, bien intentionnés (et parfois naïfs) qu’ils sont, croient nous rendre service en nous protégeant de cette inévitable réalité. Ils croient sincèrement qu’en agissant avec cœur, humilité en persévérance – puis en retenant les leçons ainsi apprises… – et enfin en nous les transmettant : ils nous économiseront. Quelle déception. Comme si la vie se laissait aussi simplement apprivoiser. Duper….

Mais c’est ici une vérité indétrônable, de siècles en siècles, et qui ne cessera de l’être : nous n’apprenons qu’avec notre être, et la vérité ne cesse de se mouvoir. Alors quel espoir existe-t-il ?

La vérité de nos parents ne sera jamais la nôtre.

Jamais la nôtre ni jamais celle de nos enfants.

Il faut alors cultiver le goût du risque. Car ne l’oublions pas : « cela fait intégralement partie de la vie » et si ne nous y aventurons pas un peu nous risquons fort de passer à côté des possibilités de notre existence.

Le gout du risque

Ce livre court et efficace nous rappelle à l’urgence d’exister en tant qu’individu : nous devons oser, essayer, et aventurer la vie. Si nous le souhaitons, bien entendu. Nous ne devons pas grand-chose, au final…

Mais si nous voulons une vie authentique, nous devons au moins essayer. Ce texte nous propose donc, par ses trois auteurs, seize lectures différentes. Et je ne suis personne pour en faire l’arbitrage. Je ne vous partagerai que mes préférences immédiates.

Je reprendrai donc ici des extraits des chapitres qui constituent l’ouvrage. Libre à vous de les explorer.

Quelques morceaux choisis :

Le plus grand des risques : la liberté. Et cela « car depuis toujours la sécurité endort les hommes quand la liberté les tient éveillés. » Nous ne parlons de confort. Car cela ne nous intéresse qu’en temps ultimes et utiles. Nous parlons de notre identité d’humain.e.s. Que reste-t-il de nous si nous consentons à tout ?

La mort n’est pas à craindre : « nous devons refuser la crainte de la mort, car cette crainte à elle seule mène à la servitude ». Que dire de plus ?

Danser après l’échec : « Nous remettre debout le plus vite possible, le mieux possible. » Car nous n’avons pas que cela à faire : chouiner, nous plaindre, ou nous endormir. Nous le pouvons bien entendu, si telle est notre volonté. Mais nous pouvons tout autant rire de la vie, et prendre tout ce cinéma pour un cirque. L’aventure de la vie, souvenons-nous, est à elle seule suffisante !

Mort au principe de précaution : Effacer « mort aux vaches ». Les vaches ont tout à vivre, joueuses qu’elles sont. La précaution quant à elle nous empêche, et c’est encore le moins pire de ce qu’elle puisse produire…

Être celui ou celle que l’on veut être : l’heure est au choix. Rien d’autre ne reste à dire.

La solitude n’est pas un risque : lorsque je suis seul.e, ne suis-je pas en excellente compagnie ? Comment pourrais-je apprendre à m’émerveiller à nouveau de cette extraordinaire compagnie que je suis pour moi-même ?

Oser croire : Pour – quoi se bat-t-on aujourd’hui ? Je pense souvent à Antigone, et plus encore à l’Antigone d’Anouilh qui lorsque j’avais seize ans me soufflait de me battre pour mes convictions. Non qu’elles aient été justes. Ou encore vraies. Qui le savait, qui le saurait ? Ou diantre la vérité était-elle cachée ? Et qui diantre savait si cette vérité était la vérité vraie ? Antigone n’en avait que faire. Elle choisit une conviction, avec son cœur et son expérience d’humaine, et s’y engagea. Et surtout, qui diantre pourrait aujourd’hui la convaincre qu’elle avait tord ?

Risquer l’inutile : Pour cela je vous recommande également chaudement la lecture du Dictionnaire amoureux de l’Inutile. Mais dans le texte qui nous occupe ici voici une phrase merveilleuse :

Et si finalement c’était le critère d’utilité qui s’avérait inutile pour nous rendre vraiment heureux ? Et si la véritable utilité, c’est à dire l’exercice de la liberté et de l’intelligence, était cachée dans la beauté de l’inutile ?

Le courage, et aventurer la vie sans cesse : Procurez-vous l’ouvrage si les lignes ci-dessus vous ont conquis.e.s ; je ne paraphraserai pas plus que nécessaire. Une dernière phrase avant de conclure :  « Notre peur de l’incorrect nous rend au mieux muet, au pire menteur ». Tout est dit. Alors Du Courage comme dit La Grande Sophie, dans notre monde atrophié !

En conclusion

Oui, ainsi, … aux aventuriers de l’inexploré il faudra rendre toujours l’honneur d’avoir répondu sans peur à cette annonce : «  Cherche homme (ou femme) pour voyage incertain. Petits gages. Froid rigoureux. Longs mois de nuit. Danger permanent. Retour incertain. Honneur en cas de succès. »

Et chacun de nous, où en sommes-nous de l’inexploré ?