C’est quoi la différence l’emploi et le travail ?

Et la distinction est-elle bien utile ? Oh je crois bien que oui.

Depuis deux ans que j’ai plongé dans ma vie d’entrepreneure, je mesure tous les jours la différence, et je l’observe également auprès des personnes que j’accompagne. C’est un sujet qui revient régulièrement et c’est pourquoi je tenais à y placer un peu d’attention, et à alerter sur les distinctions à faire.

Dans le test sur le sens de notre job (que j’ai développé pour vous aider à mettre de l’ordre dans vos interrogations sur votre boulot), je constate que la confusion est souvent faite : Entre le job, le poste, le métier, la tâche … et lorsqu’on parle d’accès à l’emploi ou de travailler, ce n’est pas tout à fait la même chose.

Pour plus de sens, il me semble essentiel de faire la distinction correctement.

C’est quoi l’emploi ?

Je propose d’utiliser cette formulation qui me semble mettre le doigt sur le cœur du sujet :

« L’emploi, c’est ce qui s’est développé depuis deux siècles et qui, progressivement, a détruit le travail. Le travail ce n’est pas du tout l’emploi. L’emploi, c’est ce qui est sanctionné par du salaire. Et c’est ce qui permet de redistribuer le pouvoir d’achat. Le travail, c’est ce qui fait qu’on se développe en accomplissant quelque chose »

Bernard Stiegler – cité dans « Le travail, la soif de liberté »

Bon. Il y va un peu fort, détruit, détruit, c’est peut-être too much certes. Mais c’est vrai que…

Si on ne s’intéresse qu’à son emploi, on risque de passer à côté de son travail.

Si l’on suit l’état d’esprit de Bernard Stiegler, il est donc essentiel de distinguer deux choses très différentes :

La finalité financière de notre activité professionnelle est capitale, mais la mission que l’on se donne l’est tout autant.

On ne va pas se mentir, cela reste l’une des raisons principales pour lesquelles nous travaillons : nous vivons dans une société où, quoi que l’on fasse, et qu’on le veuille ou non, nous avons besoin d’argent pour vivre, consommer, avoir un toit sur la tête, exister au sein de ce monde. Même si nous consommons de façon responsable et mesurée, nous ne pouvons pas payer notre boisson bio ou notre chocolat équitable en proposant les légumes de notre jardin. Ou alors seulement à notre réseau le plus proche : le troc ne fonctionnera qu’avec vos voisins, vos amis ou votre famille, mais votre petit commerçant de quartier préfèrera certainement des euros à des courgettes.

Cette finalité financière donc, est capitale, centrale, et ne doit pas être méprisée (à part peut-être dans le cas d’une rente ou d’un soudaine million qui serait arrivé dans notre vie). Souvent lorsqu’on cherche le sens de son travail, qu’on veut plus d’épanouissement on peut oublier cette dimension qui reste importante.

Mais certes, la finalité financière, aussi génial soit-il de pouvoir se payer des Louboutins et des croisières à foison, ne suffit pas. L’emploi, comme le propose la définition de Bernard Stiegler, doit être considéré comme un pouvoir d’achat. Mais il est essentiel pour l’équilibre et l’épanouissement, d’aller plus loin, et de questionner la dimension de son travail.

« Ce qui fait qu’on se développe en accomplissant quelque chose »

Et sinon, plus concrètement ça donne quoi ?

Oui c’est vrai ça, c’est quoi exactement travailler ? Je ne reviendrai pas ici sur les origines étymologiques bien connues du mot : le travail, tripalium, cet instrument de torture… Pour creuser la question il y a Wikipedia 😉

Pour prendre plus de hauteur, en revanche, allons un peu plus loin.

Avoir un emploi est une situation passive, d’attente. Travailler, en revanche, est un verbe d’action, d’engagement.

Le travail c’est le terme qu’on a choisi pour évoquer tout à la fois ces sujets de la contribution, de l’activité, du geste métier, de la mission, de l’ACTION.

« Choisis un travail que tu aimes et tu n’auras pas à travailler un seul jour de ta vie. »

Confucius

Toutes les recherches apportent les mêmes résultats : les millionnaires, les rentiers, les chômeurs … personne n’aime rester à rien faire. Personne ne se sent heureux, vivant, exister, lorsqu’il n’a pas de « travail ».

La seule différence entre le chômeur et le millionnaire c’est que le premier cherche un travail rémunéré et l’autre non.

Mais les deux ont besoin d’un travail.

Il y a une chose que j’ai remarquée lors de mes dix années dans le recrutement, et que j’évoquerai plus longuement dans le livre sur lequel je travaille en ce moment : dans notre travail quotidien, nous avons parfois tendance à oublier ce pour-quoi on fait les choses. On a oublié ce qui nous avait plu, ce qui nous avait attiré, ce qui avait du sens au départ.

Et le fait est que la plupart des personnes qui veulent changer d’emploi veulent surtout retrouver la joie des débuts.

Chaque personne qui a une activité professionnelle a aussi un travail, une mission, un rôle à jouer, des activités clés à réaliser. Chaque personne a un jour choisi une formation, un poste, une entreprise. Et c’est là le premier pas, pour voir plus juste et plus clair dans sa situation.

C’est là la première chose à observer si on se pose des questions sur son travail.

La notion de travail, aujourd’hui, dépassant sa définition étymologique est de prendre conscience du rôle que nous avons, notre contribution, aussi petite soit-elle. En prendre conscience et y travailler, justement, chaque jour. Travailler au ré-enchantement quotidien, comme j’en parle justement dans cet article.

Prendre conscience de l’importance de chacun de ses gestes, incarner ses actions, identifier ou construire le pour-quoi on fait les choses.

L’emploi c’est une chose, nous avons tous besoin de manger, de sécurité. Mais le travail en est une autre, tout aussi déterminante.

Avoir un emploi (être rémunéré) est essentiel pour survivre. Travailler est essentiel pour bien vivre.

Pour faire le point et si vous voulez savoir où vous en êtes entre les deux, n’hésitez pas à faire le test !

Et joyeuse année 2020, je vous souhaite à tous beaucoup BEAUCOUP de travail !