Je ne suis plus bien et j’en ai marre de mon boulot…

Je me souviens de l’époque où je me suis dit cela. Pour la toute première fois dans ma carrière (dans les ressources humaines, en plus…) j’en avais marre de travailler, j’étais fatiguée, désenchantée, et j’avais l’impression d’avoir perdu le sens de ma mission. J’avais une petite trentaine d’années et j’étais au pot de départ en retraite de mon père. Je savais tout ce qu’il souhaitait faire de sa vie à présent : Comment il allait occuper ses journée, ce qu’il allait entreprendre… Et je me suis dit : « vraiment, j’en ai marre de ce boulot, vivement la retraite ».

Mais dans la seconde qui a suivi, j’ai pris terriblement peur ! Si à 30 ans je me réjouis du moment où je partirai à la retraite, je suis mal barrée… Parce que je suis convaincue que le travail est essentiel pour bien vivre. D’ailleurs, ce n’était pas réellement que je n’avais plus envie de travailler. C’était surtout ce job, cette entreprise, cette situation qui n’avait plus de sens pour moi.

Tout avait pourtant bien commencé…

A cette époque je venais tout juste de changer de job. J’occupais depuis quelques mois un nouveau poste dans les ressources humaines d’une grande et belle entreprise, qui, sur le papier, me convenait parfaitement. Le job était aligné sur mon expérience, et représentait une suite logique dans ma carrière. L’offre d’emploi m’avait vendu du rêve – ça c’est un truc au sujet duquel je ne me ferai plus avoir, par contre !

J’avait rejoint une grande entreprise française que j’aimais beaucoup et dont j’étais déjà une cliente régulière. J’aimais ses valeurs, son approche, les services qu’elles offrait, son métier. J’aimais la marque, que je connaissais déjà très bien ! Et surtout, bien sur, le job me plaisait et entrait parfaitement dans le champ de mes compétences…!

En plus de cela, le bureau était à 15 minutes de chez moi.

Sur le papier, tout allait bien.

Pourtant…

Je me suis rendu compte, petit à petit, et mois après mois, que ce job ne tenait pas ses promesses. Au bout d’environ huit mois j’ai commencé à en avoir vraiment marre :

  • Je m’ennuyais alors que l’offre d’emploi promettait beaucoup de challenges
  • La mission du job était finalement beaucoup moins large et beaucoup moins excitante que promis
  • J’avais l’impression diffuse de ne jamais pouvoir vraiment faire les choses comme je l’entendais. Je devais rendre des comptes pour les plus petites actions, et j’avais la sensation de ne jamais pouvoir prendre d’initiatives.
  • Je ne comptais pas mes heures mais ne me sentais pas reconnue, pas valorisée, et les promesses d’augmentations de salaire n’étaient pas tenues
  • J’avais l’impression de ne pas pouvoir exprimer et exploiter mes ressources
  • Je ne me sentais pas à ma place, voire même pas réellement utile : je me sentais déconnectée de la mission première pour laquelle j’avais signé
  • Ma manager me heurtait beaucoup. Elle avait une communication qui me blessait, même involontairement.
  • Je n’arrivais pas vraiment à connecter avec mes collègues. Leurs centres d’intérêt, les valeurs, les idées… me semblaient très éloignés des miens.
  • Mes conditions de travail ne me plaisaient finalement pas. Les horaires, modalités d’organisation, obligations de temps de présence me semblaient souvent vides de sens, et m’irritaient au plus haut point.

BREF : Chaque jour je ressentais de petites irritations et de petits agacements, dès le matin. Je rentrais chez moi le soir vidée de mon énergie. La situation était de plus en plus désagréable. Des éléments qui ne sont jamais très graves pris individuellement mais qui, mis bout à bout, font un ensemble pénible et un quotidien difficile. Et j’ai commencé à en avoir vraiment marre de ce boulot, de cette entreprise, et de ce poste.

Je réfléchissais à changer d’emploi, ou peut-être même à quitter l’entreprise. Et je refusais de me mettre en arrêt maladie pour un supposé bore-out. Je me demandais comment quitter cette situation, parce que je ressentais un mal-être global, diffus, et cela ne pouvait plus durer, mais…

Alors qu’est ce que j’ai fait ?

Eh bien j’ai d’abord fait avec : j’ai fait le dos rond, et j’ai fait comme si tout allait bien. Ce qui est peut-être la pire erreur à faire ! Je croyais encore, dur comme fer, que si je faisais semblant, ça pourrait passer. Que peut-être la situation s’améliorerait. Que cette sorte de mal-être diffus ne durerait pas…

Alors j’ai fait semblant, et j’ai continué comme un bon petit soldat. J’ai souri, et j’ai fait comme si je n’étais pas irritée, ni frustrée, ni quoi que ce soit de cet ordre. J’ai fait semblant, auprès de ma manager, auprès de mes collègues, de mon patron, auprès de nos clients.

Avec le recul, j’ai un peu l’impression d’avoir simplement voulu avancer alors qu’il y avait un mur en face de moi. De m’obstiner. Et je sais aujourd’hui tout ce que j’aurais pu, du et voulu faire différemment…

Mais j’ai continué, tête baissée. Et mon petit « j’en ai marre du boulot » s’est peu à peu transformé en « je ne peux plus supporter mon job ».

J’ai tenu environ dix-huit mois, j’ai négocié une rupture conventionnelle en quelques mois pour fuir, et j’ai mis presque deux ans à m’en remettre. C’est pas glorieux !

Tout ce que j’aurais voulu faire différemment

La première chose je crois, c’est qu’il faut pouvoir se poser les bonnes questions. Il faut prendre le temps, avant toute chose, d’analyser ce qu’on vit. Il faut pouvoir faire le point de façon globale, honnête et responsable. Prendre petit à petit du recul sur tout cela : sur votre job, vos conditions de travail, sur la société ou le secteur dans lequel vous travaillez, votre service peut-être même. Sur votre vie professionnelle de façon globale.

Je crois que c’est surtout pour ça que j’ai développé ce test très tôt quand j’ai créé ma société d’accompagnement : Quand on …

  • s’ennuie,
  • qu’on a de moins en moins envie de se lever le matin,
  • qu’on réfléchit à quitter son travail mais sans savoir vraiment vers quoi aller,
  • ou qu’on n’est pas loin du burn out… :

Il est essentiel de se poser les bonnes questions ! D’où l’importance de ce test que j’ai développé, qui permet en 10 minutes de se poser de vraies questions), de comprendre pourquoi pourquoi ça ne va pas, et ce que vous pouvez faire !

J’en ai marre du boulot … mais de quoi exactement ?

A l’époque je crois que j’avais accusé la terre entière de mes malheurs et de mes difficultés… Alors qu’avec un peu d’honnêteté intellectuelle j’aurais pu y voir plus clair. J’avais l’impression que ma situation était inextricable. Mais chaque problème a sa solution, et si on se comporte en adulte responsable, on est en capacité d’agir bien plus efficacement, et de voir les vraies solutions !

Donc la première chose que j’aurais du faire pour commencer c’est la liste de mes irritants. Prendre le temps de les observer avec attention. Pourquoi ? Parce que ce qui se mesure s’améliore, et qu’on ne souhaite pas ici prendre des décisions à la va-vite. Quitter un job pour de mauvaises raisons, ou se mettre en arrêt maladie trop vite. Voilà donc ce que je vous propose : passer en revue l’ensemble de la situation.

Qu’est ce qui ne va pas, exactement ? OK, soyons précis ici !

« Ce qui se mesure s’améliore » : il convient donc de regarder la situation plus en détail.

  • Qu’est ce qui pose problème concrètement ? Dans mes conditions de travail : mes horaires, mon environnement, le temps de trajet, le temps de travail…
  • Qu’est ce qui pose problème dans les rapports humains ? La relation avec mon patron, les commentaires de mon manager, la relation avec mes collègues ?
  • Parmi mes frustrations, qu’est ce qui est grave, réellement problématique et qu’est ce qui est de l’ordre du caprice (soyons déjà honnêtes avec nous-mêmes!) ? Distinguer le grave du caprice permet de relativiser
  • Au sujet de ce qui m’agace : Qu’est ce qui dépend de moi et qu’est ce qui ne dépend pas de moi ?
  • De tout ce qui me pose problème, qu’est ce qui est en mon pouvoir de changer, ou d’accepter, et qu’est ce qui ne l’est pas ?
  • De quoi ai-je réellement marre et de quoi aurais-je vraiment envie?

Ce ne sont pas des questions faciles, mais les réponses sont essentielles, car elles permettront de prendre les bonnes décisions. Et pour vous aider à débroussailler ça, il y a toujours ce premier test.

Quand on en a marre de bosser, il faut se concentrer sur son « pour – quoi « 

Pour quoi (en deux mots) on fait les choses : Voilà bien une question centrale, essentielle, déterminante même ! Et ce dans toute situation, même difficile. Car souvent quand on est agacé ou déçu, on a presque oublié d’où on est parti, et pourquoi on se lève le matin. Il faut pourtant voir tous les éléments positifs qui sont présents malgré tout, parce que vous êtes seul responsable de la façon dont vous vivez votre quotidien professionnel !

Et même si on a envie d’aller vers autre chose (ce qui est toujours possible) se rendre compte du positif qui est déjà là est capital, ne serait-ce que pour passer de belles journées (ou de moins désagréables !)

  • Qu’est ce que ce job m’apporte – au quotidien ou de façon globale ? Un salaire, une mission, un rôle, l’impression d’être utile, de l’occupation, du challenge, une raison de me lever le matin…?
  • Pourquoi j’avais choisi ce boulot au départ, est cette raison est-elle toujours d’actualité ?
  • Qu’est ce qui me fait plaisir de temps en temps ? Mes collègues, mes conditions de travail, l’ambiance entre nous?
  • Qu’est ce que je peux faire ? Qu’est ce que je veux faire ? Sur quoi je peux et veux agir ?

Agir et ne pas attendre

En effet, en toutes situations l’essentiel est toujours l’action. C’est le seul moteur qui permet de changer les choses.

Comme le disait Eleanor Roosevelt:

« L’action engendre son propre courage. Sa propre énergie. Une confiance en soi accrue qu’il est impossible d’acquérir autrement »

5 choses que vous pouvez faire (facilement)

1 Demander de l’aide.

C’est peut-être déjà la toute première étape ! Reconnaître que quelqu’un d’extérieur peut vous aider. Vous aider à y voir plus clair, vous aider à ré-enchanter les choses, et vous aider à trouver votre propre solution. Vous pouvez chercher de l’aide auprès de nombreuses personnes ou instances différentes : un collègue, un ami, un conseiller, ou un professionnel spécialisé (j’en connais de très bons, et je partage mon carnet d’adresse si besoin). L’essentiel est de prendre conscience que, de temps en temps, on peut avoir besoin d’un petit coup de pouce.

2 Prendre un carnet, et …

Mettre à plat ses pensées. Si je vous demande de multiplier 23 par 45 là tout de suite, de tête, comment vous le sentez ? Moyen ? C’est normal. Prenez en revanche un papier et un stylo, et posez la multiplication. Je n’ai aucun doute sur le fait, que tôt ou tard, vous trouverez la solution ! Car oui, c’est probablement LA technique la plus efficace, la plus utile et la moins chère du monde pour trouver toutes sortes de réponses : poser les choses à plat sur le papier, et voir ce qui émerge.

3 Prendre du recul

En ayant des activités qui mettent à distance l’émotion négative. L’objectif ici est simplement de vous permettre de ne pas subir vos émotions difficiles, ou l’éventuelle pression. De nombreuses activités permettent de décompresser, et de placer la difficulté à distance : la méditation, le sport, les activités artistiques… Il faut simplement trouver celle qui vous permettra de prendre du recul efficacement. Pour moi, la méditation et mon carnet m’a tout bonnement sauvée du burn-out. Et la course à pied, les douches froides, la lecture m’ont aidée à surmonter toutes les difficultés vécues ces dernières années.

4 Réfléchir activement à la suite

Le mieux pour faire cela efficacement reste d’être bien accompagné.e parce qu’on est souvent mauvais juge pour soi-même. L’objectif ici est de réfléchir intelligemment et honnêtement : quelles sont les options, de formation, d’évolution, en interne, en externe, quelles sont vos réelles possibilités ? Mais je dis bien réfléchir : réfléchir avant d’agir. Le carnet est extrêmement utile pour cela, et c’est à mes yeux le meilleur outil possible.

5 Investir d’autres sphères de sa vie

Même si votre emploi vous pèse, il est essentiel de voir aussi plus large et plus grand, afin que cela ne pollue pas votre vision globale, et votre humeur au quotidien. Parce que nous sommes tous aussi autre chose que notre métier, notre emploi, notre carrière…. Quelles sont les choses qui vous plaisent, quels sont vos talents, vos envies, vos rêves, vos aspirations ? Vous êtes plein de ressources, faites-vous confiance !

5 choses qu’il ne faut (surtout) pas faire

  1. Quitter son job, son entreprise ou son service sans prendre le temps de se remettre en cause. J’ai vu beaucoup de personnes sortir de l’emploi pour ces mauvaises raisons : incriminant leur manager, leur patron, leur entreprise, et oubliant tout ce qu’elles-mêmes pouvaient déjà faire. Il ne faut jamais compter que sur l’environnement extérieur, car la solution est toujours partagée à 50/50 entre vous et les autres.
  2. Changer de métier sur un coup de tête . L’herbe n’est (presque) jamais plus verte ailleurs : elle est plus verte là où on l’arrose. C’est bien pour cela qu’il faut agir, ré-enchanter ce qui peut l’être, avant d’envisager tout changement ! J’insiste beaucoup sur le sujet dans cet article sur comment changer de travail.
  3. Nier son mal-être ou faire semblant. Il y a une parole de développement personnel que je trouve toujours très impactante : « Ce qui ne s’exprime pas s’imprime ». Donc… il me semble essentiel de ne pas faire l’autruche. J’insiste sur l’importance de savoir demander de l’aide.
  4. Sauter sur le bilan de compétence. S’il y a bien un démarche qui cristallise beaucoup de frustrations c’est celle-ci. Souvent on en attend beaucoup alors que le bilan de compétences doit répondre à des objectifs très spécifiques !
  5. Se mettre en arrêt maladie immédiatement. Eh non : car rien ne se règlera si vous êtes loin de votre emploi ! Vos relations avec votre patron ne s’amélioreront pas. Vos missions n’en deviendront pas plus intéressantes. Vous ne vous sentirez pas plus utile ou plus valorisé, bien au contraire. Votre salaire n’aura aucune chance d’augmenter et votre carrière aucune chance de progresser ! Vous n’aurez pas non plus plus envie de lever le matin. Et aussi étrange que cela puisse sembler, vous ne ressentirez pas moins de pression et vous n’aurez pas vraiment plus de temps pour vous.

Quand on en a marre, on est plus enclin à baisser les bras… Ce qui n’est jamais une bonne idée.

Donc :

  1. Première étape : Prendre conscience, réfléchir, faire le point, demander de l’aide.
  2. Deuxième étape : Agir, faire de son mieux, reprendre les choses en main.

C’est aussi pour ça je prépare actuellement un BOX dans laquelle je rassemble tous les outils et pistes à suivre avant de quitter son job. Même si on en a vraiment marre, il y a des choses essentielles à mettre en oeuvre et des décisions importantes à prendre avant de tout quitter, ou de chercher un autre emploi, dans une autre entreprise. Et je parle d’expérience !

Cela évite les regrets, les échecs, mais aussi, surtout, de reproduire les mêmes difficultés dans un prochain poste, ou dans un nouveau métier. Les décisions prises dans une situation de mal-être ne sont jamais très bonnes !

« J’en ai marre du boulot, c’est grave ? » NON : Vous pouvez me faire confiance, il y a plein de choses à faire, et ce dès le matin ! Vous pouvez tous les jours changer une petite chose. Chaque soir mesurer vos progrès, aussi petits soient-ils. Et vous pouvez chaque jour contribuer à la solution ! N’hésitez pas à partager vos idées ou vos interrogations en commentaire !

Et ce n’est qu’une fois que vous aurez exploré tout ça qu’il pourra être opportun d’envisager un changement !